Catégories
Coups d’éclat

“Capture” malgré tout

Le prestigieux Prix Ars Electronica a primé cette année “Capture” de Paolo Cirio création dénonçant les dangers de la reconnaissance faciale, qui avait été censurée sur intervention policière en 2020

L’édition 2021 du Prix Ars Electronica a primé d’une mentions honorifiques, dans la catégorie « Artificial Intelligence & Life Art », l’intervention artistique « Capture » de Paolo Cirio. Une belle revanche pour ce travail de création, visant à dénoncer les danger de la reconnaissance faciale, qui avait été censuré en France en 2020 sur intervention de divers syndicats de policiers et même du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (via Twitter !). L’exposition de l’exposition avait alors été annulée par studio national des arts contemporains Le Fresnoy de Tourcoing… pourtant co-producteur de ce travail.

Dans un communiqué l’artiste avait alors déclaré :

« Le fait que le ministre Gérald Darmanin impose la déprogrammation d’une œuvre d’art d’une institution artistique en France n’est pas seulement de la censure, mais aussi une démonstration d’incompétence, de naïveté, d’incapacité à participer à un débat et à comprendre les principes de base de la démocratie et de la liberté d’expression »

Pour cette création Paolo Cirio avait alors collecté quelque 1000 images publiques, disponibles sur Internet, de policiers figurant sur des photos prises lors de manifestations en France et les avait traitées avec un logiciel de reconnaissance faciale. Il avait ensuite créé une plateforme en ligne (aujourd’hui inaccessible) contenant une base de données de 4000 visages d’officiers de police afin de permettre leur identification par le public.

A l’a veille de l’ouverture de l’exposition au Fresnoy, Paolo, Cirio avait également imprimé les portraits des policiers sous forme d’affiches de street art et les avait placardées dans tout Paris pour les exposer également dans l’espace public.

« Le projet “Capture” commente les usages et abus potentiels de la reconnaissance faciale et de l’intelligence artificielle en questionnant l’asymétrie du pouvoir en jeu. L’absence de réglementation sur la protection de la vie privée d’une telle technologie peut éventuellement se retourner contre les mêmes autorités qui en recommandent l’utilisation. Avec cette provocation artistique, Cirio montre à quel point la puissance technologique de la reconnaissance faciale est excessivement dangereuse pour la société et même pour la police. »

Catalogue Ars Electronica

Avec cette intervention, Paolo Cirio a lancé la campagne Ban Facial Recognition Europe, pour interdire la technologie de reconnaissance faciale dans toute l’Europe, en collaboration avec des organisations de protection de la vie privée. telles que La Quadrature du Net, We Sign It, Labo 148, et le groupe européen de défense des droits numériques (EDRi). D’autres organisations ont aussi soutenu ce projet étaient : Bits of Freedom, Digitale Freiheit, NetzPolitik, Jigsaw, Collectif OEIL, entre autres. Cet appel a été signé par 50.000 personnes.

Paolo Cirio a fait des recherches sur cette question juridique et a par remis un dossier complet à diverses institutions européennes, accompagnant la remise de la pétition Ban Facial Recognition Europe, et d’une une plainte légalee. La Commission européenne a répondu à la plainte de Cirio en reconnaissant la nécessité de restreindre légalement l’utilisation de l’intelligence artificielle en matière de biométrie.


Références